L'ostéopathie pour accompagner votre chien ou votre chat souffrant d'une rupture du ligament croisé
La rupture du ligament croisé crânial (ou antérieur) est la cause la plus fréquente de boiterie du membre postérieur chez le chien et plus rarement le chat. Elle peut affecter les chiens de toutes tailles, races et âges.
À quoi sert le ligament croisé chez le chien et le chat ?
Tout d’abord revenons sur ce qu’est le grasset (ou genou) du chien et du chat. Il est composé de 2 articulations. Une première entre le tibia et le fémur, qui abrite 2 ménisques et une deuxième entre la rotule, petit os en forme de losange, et la gorge formée par le fémur. Il existe deux ligaments collatéraux et deux ligaments croisés : l’un crânial, l’autre caudal, encore appelés, antérieur et postérieur. Ils sont dénommés ainsi par rapport à leur attache respective sur le tibia. Ils participent tous les 2 à la stabilité de l’articulation entre le fémur et le tibia en limitant la torsion du genou. Mais c’est le ligament croisé antérieur qui joue le rôle le plus important dans le genou du chien et du chat, en particulier pour limiter l’avancée du tibia lors de la mise en charge au posé de la patte, et c’est principalement lui qui est concerné par une rupture.
Quelles sont les causes de la rupture du ligament croisé crânial chez les carnivores domestiques ?
Il existe de nombreux facteurs aggravants tels que le développement important d’arthrose dans le genou, une mauvaise condition physique, la conformation du squelette, l’obésité, la génétique et la race. Mais on distingue 2 causes principales de la rupture du ligament croisé crânial : une cause dégénérative qui représente 80% des cas chez le chien, et une cause traumatique qui est majoritaire chez le chat. La dégénérescence du ligament croisé crânial est un phénomène lent et subtil dont l’origine n’est pas encore complètement élucidée. On suspecte pour l’instant une origine vasculaire, qui par ischémie provoquerait une nécrose progressive du ligament. Elle évolue sur plusieurs mois voire plusieurs années et fragilise progressivement le ligament. La rupture du ligament croisé dans ce cas pourra survenir à l’occasion d’une activité habituelle comme un saut de la voiture ou du canapé, parfois même simplement en marchant. À l’opposé, bien plus rarement chez le chien, la rupture peut avoir lieu soudainement sur un ligament sain, lors d’un traumatisme aigu, d’un accident ou d’une chute. Par exemple, la rupture peut survenir lors d’un jeu avec un congénère ou un départ brutal pour courir après une balle.
Quels sont les symptômes de la rupture du ligament croisé crânial chez le chien et le chat ?
La rupture du ligament peut être totale ou partielle en fonction des contraintes auxquelles il a été soumis et de sa fragilité. Lorsque la rupture est d’origine traumatique, la boiterie apparaît brutalement, elle est souvent importante avec une perte de l’appui. Lors d’une rupture partielle elle peut être plus insidieuse et apparaître progressivement. Elle peut être par exemple plus importante après une activité soutenue ou au contraire après une phase de repos. Lors d’une rupture partielle, elle évolue presque toujours vers une déchirure complète au fil du temps si elle est négligée et n’est pas soignée correctement. Une mauvaise condition physique et un poids corporel excessif sont des facteurs de risque aggravants. Ces deux facteurs peuvent être influencés et corrigés aisément par les propriétaires. L’activité physique régulière et une surveillance étroite de l’apport alimentaire pour maintenir une masse corporelle idéale sont primordiaux en cas de lésion partielle.
Malheureusement cette affection entraîne une évolution arthrosique précoce du genou et donc des complications si elle n’est pas gérée correctement. On retrouve souvent après quelques temps une perte de masse musculaire appelée amyotrophie. Or les muscles de la cuisse jouant un rôle prépondérant dans la stabilité du genou, cette perte musculaire sera d’autant plus délétère quant à l’évolution de l’arthrose.
En quoi l’ostéopathie peut aider le chien ou le chat dans chacun de ces cas de rupture du ligament croisé crânial ?
Dans le cas d’une évolution dégénérative, l’ostéopathie est d’une grande aide en prévention tout d’abord, pour limiter les contraintes sur le ligament fragilisé. En effet, lors de la séance d’ostéopathie du chien et du chat, la libération des tensions présentes a un impact direct sur la biomécanique générale du corps. Ainsi par le rééquilibrage global de l’organisme pratiqué à chaque consultation, l’animal réduira les contraintes appliquées sur son membre affecté et réduira d’autant la probabilité de survenue d’une rupture. On comprend alors l’importance d’un suivi régulier annuel voir biannuel dans ce cas chez les animaux vieillissant et arthrosés. L’intérêt de la prévention par l’ostéopathie prend tout son sens.
Suite à la rupture du ligament croisé crânial chez l’animal âgé, la chirurgie est souvent délaissée au vu des risques anesthésiques ou de l’état de l’articulation très souvent arthrosée. L’ostéopathie, là encore, sera d’une grande aide pour soulager la douleur et réduire la boiterie. En rééquilibrant l’organisme et en résolvant les compensations accumulées par des positions antalgiques, les contraintes appliquées sur l’articulation s’en trouveront réduites et, par conséquent, l’animal soulagé. Cette dernière indication de l’ostéopathie se transpose de manière tout à fait similaire dans les 20 % de ruptures accidentelles. Dans ce cas, la chirurgie est souvent choisie. L’ostéopathie sera là encore d’un grand secours suite à l’opération. En rééquilibrant l’organisme en le libérant de ses compensations accumulées, elle permettra un rétablissement plus rapide et de meilleure qualité. L’idéal étant d’avoir recours par la suite à une rééducation en physiothérapie qui permettra une récupération plus rapide et équilibrée de la masse musculaire, indispensable à la stabilité du genou. Elle sera accompagnée par un contrôle ostéopathique mensuel régulier afin de s’assurer d’une reprise d’activité sans résurgence et accumulation de compensations supplémentaires qui nuiraient au rétablissement global de l’animal et réduirait également l’efficacité de la rééducation en cours.
Qu’est ce qui doit faire suspecter une lésion du ligament croisé crânial chez le chien ou le chat ?
Les chiens et les chats souffrant une lésion du ligament croisé crânial peuvent présenter une combinaison des symptômes suivants :
- boiterie d’importance variable
- diminution de l’amplitude de mouvement de l’articulation du genou
- raideur
- gonflement sur la face intérieur du tibia qui correspond à une fibrose ou à du tissu cicatriciel
- douleur localisée
- réticence à jouer
- diminution de l’activité
- difficulté à sauter dans la voiture
- difficulté à se lever, en particulier à partir de la position assise
- atrophie musculaire du membre touché
- un bruit de claquement qui peut indiquer une déchirure méniscale complémentaire
Il est aisé pour le vétérinaire de diagnostiquer la rupture du ligament croisé crânial suite à un examen. Par contre, les déchirures partielles peuvent parfois être plus difficiles à diagnostiquer. La radiographie permet de vérifier le diagnostic, de constater l’état de l’articulation pour évaluer la pertinence d’une chirurgie.
Comment observer la rupture du ligament croisé crânial du chien ou du chat avant la confirmation par le vétérinaire ?
Suite à l’observation d’une boiterie postérieure survenue soudainement, je déconseille d’essayer de manipuler le genou de votre animal avec le test du tiroir, bien que ce soit le test spécifique permettant de mettre en évidence la rupture du ligament croisé crânial. En effet, il peut être dangereux de tenter de le faire par soi-même, d’une part pour vous, si votre animal se défend par crainte de la douleur que la manipulation pourrait provoquer ; d’autre part pour lui, si la manipulation n’est pas adaptée, vous pourriez faire plus de dégâts.
Cependant en palpant la face interne du genou vous pourriez constater une masse importante qui n’est pas présente sur le genou intact. Si vous suspectez une rupture du ligament croisé chez votre chien ou votre chat vous pouvez donc essayer de comparer ses deux genoux avec précaution. Le genou atteint est souvent chaud, enflammé et gonflé en face interne. Il est important de bien s’assurer que votre animal se laissera manipuler sans se défendre, il est donc primordial d’agir progressivement afin de pouvoir anticiper ses réactions.
Quels sont les traitements possibles de la rupture du ligament croisé crânial de votre chien ou votre chat ?
Il existe de nombreuses options de traitement pour soigner la rupture du ligament croisé crânial. Le premier choix important à effectuer se situe entre le traitement chirurgical ou la prise en charge non chirurgicale, également appelé traitement conservateur. La meilleure option pour votre animal dépend de nombreux facteurs tels que le niveau d’activité physique, la taille, l’âge, la conformation squelettique et le degré d’instabilité du genou.
Que ce soit dans l’une ou l’autre des options, l’ostéopathie est l’accompagnement de choix pour rééquilibrer le corps globalement, et résoudre les compensations accumulées qui ont conduit à favoriser la rupture du ligament croisé crânial. Mais aussi pour favoriser la stabilité du grasset et permettre un meilleur rétablissement de la locomotion. Une fois le ligament rompu, le plus important est de veiller à la stabilité du genou, pour éviter le développement secondaire d’arthrose de l’articulation du grasset, argument principal avancé en faveur de la chirurgie. On comprend alors également l’importance de la physiothérapie pour muscler ou entretenir la musculature de la cuisse et de la jambe, afin de maintenir une bonne stabilité. Chez un animal de moins de 15 kg, la chirurgie peut être parfois évitée. Mais ce n’est pas consensuel car la convalescence naturelle est plus longue et dite plus incertaine que celle procurée par la chirurgie.
Quelles sont les techniques chirurgicales possibles en cas de rupture du ligament croisé crânial du chien ou du chat ?
Il existe de nombreuses techniques chirurgicales. Leur objectif étant de restaurer la stabilité du genou. La réussite de la chirurgie dépend de l’âge, de l’activité et du poids de l’animal.
Il en existe 2 sortes, celles basées sur une coupe osseuse (ou ostéotomie) et celles basées sur des sutures. Les techniques basées sur l’ostéotomie, ne remplacent pas le ligament, elles visent à neutraliser la poussée tibiale en modifiant la géométrie de la partie haute du tibia, mais elles ne se pratiquent pas chez le chat. Ces techniques complexes nécessitent un spécialiste en chirurgie. Une première technique de coupe osseuse, appelée TPLO, correspond à un nivellement du plateau tibial. Elle a pour avantage d’obtenir de meilleurs résultats à long terme pour les grands chiens, par rapport aux techniques basées sur la suture. La deuxième, appelée TTA, correspond à l’avancement de la tubérosité tibiale. Le choix entre ces deux techniques dépendra du chirurgien et de son expérience personnelle. Ensuite les techniques basées sur les sutures peuvent être divisées en procédures intra-articulaires (dans l’articulation) et extra-articulaires. On retrouve la FLO qui est la plus courante, elle permet de stabiliser le genou en reproduisant l’action du ligament croisé crânial avec une suture extra-capsulaire. Elle est préférentiellement pratiquée chez les chiens de petite race, plutôt inactifs ou âgés. Une variante de cette technique s’appelle Tightrope®, elle utilise des tunnels osseux pour permettre un meilleur positionnement de la suture.
Quelle convalescence après la chirurgie suite à la rupture du ligament croisé chez le chien et le chat ?
Une gestion post opératoire rigoureuse est primordiale pour la réussite de la chirurgie. Toute activité inadaptée pourrait provoquer un échec complet. Cela implique un repos strict de 8 semaines durant lesquelles il est recommandé de pratiquer uniquement des sorties sanitaires en laisse. La rééducation fonctionnelle vétérinaire, comme l'hydrothérapie, est très utile pour accélérer et parfaire la récupération. Dans ce cas, une séance d’ostéopathie pour s’assurer de l’équilibre global est fondamentale afin de travailler sur de bonnes bases et se donner toutes les chances d’un bon et durable rétablissement.
La chirurgie est souvent une réussite dans plus de 80% des cas, c’est-à-dire un arrêt de la boiterie. Mais elle n’empêche pas systématiquement le développement de l’arthrose. Certains choisiront donc un autre type de traitement. Dans le cas du traitement non chirurgical, il est nécessaire de multiplier les moyens de prise en charge, ce qui demandera du temps et de la patience. La plupart du temps je déconseille l’utilisation systématique d’anti-inflammatoires, car ils peuvent masquer la douleur et impliquer une mise en charge plus importante du genou, ce qui peut entraîner une dégradation de la situation. Ils sont souvent inefficaces car l’instabilité du genou fait perdurer la douleur. Le contrôle de l’activité est primordial, mais elle doit être maintenue pour éviter la perte musculaire qui serait particulièrement délétère pour la stabilité de l’articulation. Dans ce cas, on se limitera à des sorties en laisse avec un chien qui ne tire pas (l’effort induit sur les postérieurs serait alors contre-productif). La physiothérapie a montré de très bons résultats en accompagnement de l’ostéopathie en accélérant la récupération et en améliorant souvent le rétablissement. Il existe également des orthèses mais elles sont nouvellement arrivées et sont encore très peu utilisées. Elles sont comparées aux résultats obtenus chez l’humain, mais les articulations humaines sont très différentes de celles du chien et du chat. Une comparaison est donc mal venue.
Conclusion sur la rupture du ligament croisé chez le chien et le chat
En conclusion, quel que soit le traitement choisi, le principal est de limiter le développement de l’arthrose en favorisant la stabilité de l’articulation du genou. La gestion du poids et de l’activité seront les clés de la réussite du traitement, et l’ostéopathie une aide non négligeable dans tous les cas pour renforcer cette stabilité.